9 janvier 2013

ALBION


Un parfum d'Angleterre

Dans la lignée des bistrots parisiens à l'accent British, Albion confirme tout l’intérêt des mélanges issus du meilleur des deux traditions pour nous offrir une cuisine de qualité dans un environnement soigné et une ambiance agréable.




Ce lieu pensé pour notre bien-être est le résultat, non d'une partition si chère aux anglais mais d'un nouvel essor. En effet, les 2 protagonistes à l'origine sont des anciens de l'équipe Fish la Boissonnerie, qui a déjà essaimé vers Cosi, la délicieuse sandwicherie et Semilla, l'autre affaire du moment. C'est donc en bons termes que ce bistrot à vins a ouvert dans un autre quartier propice en découvertes remarquables et remarquées comme Abri.



Le décor simple offre des volumes harmonieux et des couleurs originales et douces. On s'y sent tout de suite bien. Le comptoir à l'ancienne et l'entrée en forme d’épicerie à vins apportent du cachet. Des objets cachés dans les casiers signent l'origine "généalogique" et apporte de l'originalité. 

Une cuisine en cinémascope et en VO sans sous-titres

Autre preuve de l'expatriation, l'accueil tout en douceurs et en sourires. Pas de bousculades ou de regard de travers, le client est là pour se faire plaisir. Et pour observer le travail calme de la brigade, dont les cuisiniers à l'accent impeccable, dans l'assiette et dans la langue que l'on peut entendre par la fenêtre ouverte sur la cuisine.  

Tout est en place pour profiter de ce mariage de produits impeccables fraîchement travaillés, de cuissons doubles et de technique française bien maîtrisée.

Un volcan de saveurs et une éruption de plaisir

Et ce des l'entrée avec ce risotto stratosphérique (risotto, jambon ibérique  parmesan) crémeux à souhait, croquant à l’intérieur, parfumé et coloré comme un tableau vivant. Émotion et plaisir intense, accord parfait des ingrédients et mystère des assemblages tout à la fois. Le velouté de potimarron, escargots et kumquat n'a pas dénoté ni menti sur son titre tant la texture était belle, y compris pour les gastéropodes fondants et délicats.

Nage de gastéro dans un soleil de Van gogh

En plat, la joue de boeuf a prouvé de nouveau la maîtrise parfaite des cuissons des anglais (braisé puis poêlé pour rendre les cotés croquants et le centre hyper moelleux) et le sens des accompagnements (purée de raifort dense, subtil et oignons confits à peine croquant pour le fun). La crème de câpre sur la viande complexifie la recette mais fait perdre un peu de cohérence. Les assiettes sont joliment présentées, comme des traits de couleurs extraits de tubes de peinture.


Le chef se prend donc pour un Cézanne anglais, ce qui amène de l'invention et, étonnamment, un peu d'humour et de légèreté. Le débat se fera sur la présence toujours parcimonieuse des sauces, regret de français conservateur ou requête de vieux gourmands.

De la chair et du sang

Pastel au chocolat

Les desserts ont fini de nous séduire par leur générosité et leur gourmandise et toujours par ce souci artistique de couleurs chatoyantes. Pas de brume londonienne à la Gainsborough mais des éclats vifs à la De Stael voire intense comme chez Soutine. En témoigne ce crumble chocolat/coing préparé comme un fondant et ses taches rouges vifs (piment d’Espelette) ou bien cette fausse tarte aux figues charnues parsemée de noires zébrures de chocolat et de taches en rappel vert-figues constitués en fait de gelée de romarin. Pour l'adoucir, un nuage de sorbet mascarpone.



Du grand art pour une cuisine bistrotière toujours abordable dans les saveurs à défaut de l’être dans les tarifs.


ALBION
80 Rue du Faubourg Poissonnière 75010 Paris
Tél: 01 42 46 02 44

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